Dans quelques semaines, 85% des produits vendus dans nos magasins disposeront d'une étiquette RFID, avec un identifiant unique. Cette technologie par radio-fréquence va de manière considérable modifier nos façons de travailler, booster la productivité dans nos entrepôts mais aussi accélérer et fiabiliser nos inventaires, tout en faisant office d'antivols, et en accélérant le passage en caisse de nos clients. Quels sont réellement les coûts d'un tel déploiement, les effets sur la santé, les impacts sur l'emploi et les conséquences environnementales? Nous allons essayer de vous apporter des réponses à ces questions, qui normalement devraient vous être fournis par votre entreprise.
Les conséquences financières pour l'entreprise :
Les coûts d'un tel déploiement sont énormes. Pour rappel, cette technologie de radio-fréquence consiste à lire en aveugle et à distance un produit grace à un tag (une puce) placé sur l'objet grâce à un lecteur. Les puces seront intégrées dans nos pays de production, en usine. Elles seront soit positionnées sur l'étiquette prix, soit directement dans le produit. D'ici 2017, tous les tags seront intégrés à la source. A 5 centimes minimum l'étiquette, nous sommes très loin du prix d'une étiquette code barre (EAN). Multiplié par le nombre d'articles vendus, nous pouvons estimer que le passage aux étiquettes RFID générera des coûts supérieurs qu'on peut estimer à plusieurs dizaines de millions d'euros.
En contrepartie, l'entreprise espère relancer le taux de disponibilité des produits grâce à une fiabilité des stocks accrue et diminuer de manière drastique la démarque interne. Grâce aux inventaires à la "raquette" la productivité en logistique et en magasin va bondir de manière impressionnante. Dans nos trieuses, l'injection des produits se fera en masse.
Bien évidemment ce projet va beaucoup plus loin. Il permettra également de "fluidifier" le passage en caisse de nos clients et de lutter contre le vol. . Nos magasins sont déjà prêts et les caisses traditionnelles ont été progressivement remplacées par des caisses automatiques équipées de lecteurs RFID. Le client du magasin ou l'hôtesse de caisse (lorsqu'il en reste) n'aura plus besoin de scanner les articles, les tags sont immédiatement reconnus. L'auto-encaissement deviendra la règle. Cela réduira également le taux d'erreur caisses avec le code barre. Autre point: la sécurité. En effet, le tag RFID est un redoutable antivol. La fonctionnalité antivol sera désactivée en caisse seulement et uniquement si le paiement a été enregistré. Fini les petits malins qui "oubliraient" de scanner un article, les portiques antivol sonneront inévitablement.
Les conséquences sur la santé : afin de mettre un terme définitivement au débat, ce ne sont pas les étiquettes RFID qui émettent des ondes mais les lecteurs (tunnels, mats...). La présentation au dernier CCE réalisée par JJ CATELLA a plutôt convaincue et rassurée les élus dans le sens ou les ondes émises par nos équipements seront très largement inférieures aux normes (seuil de puissance autorisé légalement: 88,38 V/m, seuil imposé chez Oxylane: 28 V/m). Toutefois, voici les explications de deux chercheurs de l'institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) : "Bien que, dans les gammes de fréquences UHF, les champs magnétiques portent à plus grande distance, les mesures ont établi que les rayonnements ne dépassaient pas les limites d’exposition. Ainsi, pour des individus n'étant exposés que sporadiquement aux ondes émises par des lecteurs RFID, le danger est faible. Cependant, dans le cadre d’une exposition continue, même à faible rayonnement, l’AFSSET préconise de respecter une distance minimale avec les lecteurs, de l'ordre de 20 cm."
En ce qui concerne l'impact de ces ondes sur la santé, nous ne connaissons pas les effets à long terme et que l'effort doit se poursuivre au niveau de la recherche. D'une manière générale, la Fondation Santé et Radiofréquences rappelle que s'éloigner de quelques dizaines de centimètres d'une source émettrice (base telephone DECT, borne wifi, mobile, babyphone...) permet de diminuer considérablement son exposition.
Les impacts sur l'emploi : clairement, le déploiement de la RFID va nous permettre de faire des gains de productivité à long terme considérables et ce sur toute la chaîne. En entrepôt: contrôle des flux à l'entrée du réseau, amélioration de la fiabilité des stocks, injection à la volée et contrôle des flux en expédition. En magasins: inventaires, passages en caisse, démarque. A l'heure actuelle rien ne nous a été présenté afin de nous rassurer sur le maintien dans l'emploi suite au déploiement de cette nouvelle technologie. Nous serons toutefois vigilants sur les années futures au regard de l'impact sur l'emploi engendré et demanderons à un cabinet externe et indépendant de réaliser une étude qui mettrait en avant des conséquences néfastes sur l'emploi.
L'impact environnemental : production de masse pour pollution de masse? Fabriquée à partir de silicium, d'argent, de plastique et de cuivre, la puce RFID n'est pas la meilleure candidate au recyclage. En 2014, nous en produirons (en chine) quand même plus de 500 millions rien que chez Oxylane. De nature à être jetée, cette puce n'est soumise à aucun dispositif de recyclage. Or, cette problématique est littéralement passée sous silence. Pourtant, on peut légitimement penser que la production de masse de cette puce entrainera, de fait, une pollution de masse. Si le débat sur le recyclage du tag RFID est inexistant pour le moment, il ne saurait tarder à revenir sur le devant de la scène et devrait bientôt grossir les rangs des autres polémiques autour de la puce...
En conclusion, nul doute que la RFID apportera plus de confort dans nos méthodes de travail, supprimera les inventaires rébarbatifs, les contrôles stats inutiles, etc... Nul doute également que cela améliorera la démarque et la disponibilité produits, ce qui nous permettra de faire de la croissance de CA et ainsi bénéficier de meilleures primes. Mais comme pour la mise en place de toutes nouvelles technologies, il convient que nous restions vigilants sur sa mise en place. Et c'est à vous, salariés, mandatés, élus, membres des CHSCT qu'il appartient d'être tout particulièrement attentifs. Bien évidemment, à la CFTC nous restons à votre écoute et sommes prêts à répondre à toutes vos questions sur le sujet...
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