Les salariés de Sanofi du site de Gentilly sont désormais équipés d'une puce RFID. Objectif de la direction ? Analyser l'occupation des locaux. Le personnel, lui, craint un "flicage généralisé".
© Bouygues Immobilier
Faut-il parler de "progrès" ? Depuis le 6 avril, les 3000 salariés de Sanofi travaillant sur le site de Gentilly (Val-de-Marne) sont équipés d’une puce RFID (Radio Frequency IDentification). Insérées sur les porte-badges, celles-ci tracent le moindre mouvement : arrêt en salle de pause, déambulation dans les couloirs, passage au quatrième étage, pause pipi…
Tous les faits et gestes du personnel sont enregistrés et analysés. Pour évaluer l’utilisation des lieux, selon la direction. "Il ne s'agit pas de suivre les flux mais de gérer de façon simplifiée l'occupation de l'espace, comme la disponibilité des salles de réunion, des bulles, les heures d'affluence aux restaurants d'entreprise", égraine une porte-parole.
Open space nomade
Depuis l’été dernier, ce campus arboré et 100% développement durable regroupe les personnels des sièges de Sanofi France et de Sanofi Groupe, ainsi que les unités des affaires industrielles et plusieurs départements de R&D. L'emménagement s’est accompagné de la mise en place de lieux totalement partagés pour encourager le travail collaboratif et la créativité, selon Olivier Brandicourt, le P-DG, qui a inauguré les locaux en juin 2015. Un concept d’open-space nomade qui a signé la fin des bureaux attitrés et individuels. Et a déstabilisé plus d’un collaborateur.
En CHSCT, les syndicats se sont alarmés des risques liés à la mise en place des puces RFID. D'autant plus qu'au départ, les flux n’étaient pas anonymisés. Le syndicat FO a obtenu que les puces soient installées sur les porte-badges, et non sur les badges eux-mêmes. De telle sorte que les informations ne se recoupent pas. Mais pas question pour autant que les salariés "trichent", en remisant le support dans un tiroir pour porter la carte "nue" !
Caméras de surveillance
Le nouveau système de géolocalisation ne fait qu’ajouter au désarroi. Car le groupe pharmaceutique a entamé de nouvelles coupes dans les effectifs. Au final, 615 postes vont être supprimés. "Les salariés l’analysent comme un outil d’intrusion, de flicage généralisé. Nous sommes très sceptiques sur les intentions du groupe. Certains sont aujourd’hui licenciés pour insuffisance professionnelle ou manque de performance. Notre crainte, c’est que la direction utilise ces outils pour justifier des ruptures", explique Pascal Lopez, délégué syndical central FO et membre du CHSCT.
Sanofi ne se contente pas de scruter les allées et venues. Il les filme également. Des caméras à 360° ont été installées dans les couloirs, espaces de restauration, zones de détente... La direction a même essayé d’en mettre une devant les locaux syndicaux mais la bronca a été trop forte. Un équipement qui lui permet de scruter, en permanence, les 51 000 mètres carrés de locaux. Les syndicats ont demandé à recevoir la lettre de la Cnil autorisant l'installation des équipements. Ils l’attendent toujours. Les salariés, eux, évitent d'être pris en flagrant délit de bavardage intempestif.
Source : par Emmanuelle Souffi 07/04/2016 Liaisons Sociales Magazine
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