lundi 13 juillet 2015

UN RESPONSABLE DE DECATHLON AVAIT DETOURNE 500 000 EUROS



Soudain, on ne se trouve plus du même côté de la barrière. L’année dernière, Éric T. accompagnait son supérieur au sein du groupe Décathlon pour déposer plainte. Une plainte concernant… Éric T. pour une série de détournements de fonds qu’il a totalement reconnus.

Le cheveu coupé en brosse, l’habit impeccable et les petites lunettes sur le nez, Éric T. présente le look du cadre idéal. D’ailleurs, assis sur son banc, ce responsable d’exploitation chez Décathlon Campus, à Villeneuve-d’Ascq, consacre une bonne partie de son temps à relire ses fiches. Ex-responsable en réalité. Jusqu’en 2014, et pendant trois ans, cet homme de 51 ans ayant débuté « en bas de l’échelle », comme le répète à l’envi son avocat Stefan Squillaci, a mis la main sur des RFA. RFA ? Pour remises de fin d’année. Dans le jargon commercial, il s’agit de sommes devant être réglées à Décathlon par ses fournisseurs.
« Si personne n’allait chercher ces chèques, l’argent ne venait pas », insiste Me Squillaci. La stratégie de la défense est assez lisible. Décathlon gagne tellement d’argent que le groupe peut (parfois) se permettre d’oublier d’aller le chercher. Une faille dans laquelle se serait engouffré Éric T. Allant jouer les chasseurs de primes pour son propre compte et encaissant les sommes à titre personnel, après avoir contourné le système de traçabilité interne des chèques. De quoi provoquer la colère du groupe. « Bien sûr que les filets de sécurité existent, proteste Thomas Deschryver, l’avocat de Décathlon. En interne comme en externe, d’ailleurs. » Ici, deux banques ont fini par tirer la sonnette d’alarme. Comment un salarié pouvait-il déposer des chèques grimpant parfois jusqu’à 100 000 euros ? Le procureur de la République Brice Partouche dénonce, lui, un modus operandi favorisé par le fait qu’Eric T. était l’interlocuteur privilégié de ces fournisseurs. Le représentant du parquet pointe un «système mal monté » qui aurait pu nuire plus longtemps sans la vigilance des deux banques.
Sanction : deux ans de prison avec sursis et 536 924,85 euros à rembourser.
Source : La voix du Nord - 10 juillet 2015

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