La parité progresse inégalement parmi les représentants du personnel
Selon une étude de la Dares publiée ce vendredi 9 février, la CFTC et Solidaires sont les meilleures élèves de la parité.
Les représentants du personnel ressemblent-ils aux salariés qu’ils représentent ? Telle est la question que pose la Dares dans une étude publiée ce vendredi consacrée à la féminisation des instances représentatives du personnel en 2012.
Il ressort que la part des femmes au sein de ces instances (délégués du personnel, délégués uniques du personnel, élus du comité d’entreprise et des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) progresse de façon contrastée.
Ainsi, en 2012, la part des femmes parmi les élus aux comités d’entreprise et des femmes déléguées uniques du personnel dans les PME a progressé de 7 points par rapport à 2001, année d’une précédente enquête. Elles représentent désormais 38 % des candidats et 40 % des élus, ce qui est représentatif de leur place au sein des entreprises (43 % des salariés sont des femmes).
Les femmes restent sous-représentées
Pourtant, dans de nombreux secteurs où la main-d’œuvre féminine est majoritaire, les salariées restent représentées par des hommes.
Ainsi, alors que les femmes représentent 67 % des élues dans l’enseignement, la santé et l’action sociale, elles restent sous-représentées parmi les élus par rapport à leur poids parmi les salariés de ce secteur (73 %). Le constat est partagé dans la plupart des domaines d’activité pourtant très féminins, comme l’hébergement et la restauration.
Seule exception, le secteur de l’information et de la communication où, avec 38 % de femmes élues, les instances représentatives du personnel sont légèrement plus féminines que les équipes qu’elles représentent (28 % de femmes).
Le secteur de la construction figure parmi ceux qui comptent le moins de femmes parmi les représentants du personnel (15 %). Ce chiffre est néanmoins à l’image de la très faible part de salariées femmes que compte ce secteur (11 %).
Variation selon le type de listes
Autre résultat surprenant, la proportion de femmes élues varie selon le type de listes sur lesquelles elles sont élues et selon leur étiquette syndicale.
Ainsi, avec 46 % de femmes élues, les listes non-syndicales qui existent dans les PME leur sont plus favorables que les listes syndicales. Seules la CFTC et Solidaires (44 % et 46 % de candidates élues) arrivent à faire aussi bien.
Elles sont suivies par l’UNSA et la CFDT (39 % et 42 %). La CGT-FO, la CGT et CFE-CGC arrivent derrière (respectivement 36 %, 33 % et 31 % des élus).
« Cela reflète l’implantation de chaque syndicat dans les secteurs d’activité, ainsi que leur audience auprès des différentes catégories de salariés », explique la Dares. La CFTC est, par exemple, particulièrement présente dans le commerce tandis que Solidaire est concentrée dans les activités de l’éducation, de la santé et de l’action sociale traditionnellement très féminines.
Les femmes sont plus souvent élues dans les PME
L’avancée de la parité est encore à nuancer en fonction des responsabilités exercées, poursuit la Dares.
« Les femmes sont proportionnellement plus souvent élues dans les PME sur des listes syndicales dans des instances (surtout délégué unique du personnel) qui disposent de moyens plus limités que ceux des entreprises qui connaissent une solide implantation syndicale », expliquent les auteures. Citant une autre étude, intitulée REPONSE et menée en 2011, elles soulignent en outre qu’en 2011 « une femme a une probabilité inférieure de 20 % à un homme d’être représentante du personnel. »
La loi Rebsamen du 17 août 2015 changera-t-elle la donne ? Ce texte impose que les listes soient représentatives de la proportion d’hommes et de femmes travaillant dans l’entreprise. Ses résultats seront cependant mitigés, estime la Dares, qui prévient même que la loi pourrait aboutir à des effets pervers notamment dans les PME, où le nombre d’élus est faible. « Le mode de calcul peut conduire à sous-représenter ou exclure totalement une catégorie de genre »,avancent les auteures.
LA CROIX - Emmanuelle Lucas , le 09/02/2018 à 21h01